Visite de Brunei
Paradis asiatique
3 mars 2009
Derniers reflets de Brunei
Changement de programme : notre avion de ce matin pour Bario a été annulé à cause du mauvais temps! Nous avions prévu une retraite de 5 jours au fin fond de la forêt, dans des montagnes qui ne sont accessibles que par avion, et il se trouve justement que l'hélicoptère qui a disparu récemment avec des gens importants dedans se trouvait dans ce secteur... Du coup, tout le monde n'en est que plus prudent dans des montagnes actuellement passées au peigne fin. Et peut-être n'était-ce pas le moment d'y aller alors ne perdons pas de temps et rebondissons, c'esy mieux pour la santé. Cap à l'est !
Après avoir changé 4 fois de bus et traîné dans toutes les gares routières entre Miri et Bandar Seri Begawan (capitale du sultanat de Brunei, plus connue sous le diminutif de BSB), la journée touche à sa fin et c'est une bien drôle impression que nous laisse cette étrange pays refermé sur lui-même. Si Brunei fut jadis un grand empire, il n'en reste aujourd'hui plus grand chose, mis a part quelques centaines de Km2 gérés par sa richissime gracieuse majesté: Le Sultan ! Plus qu'un pays on a l'impression de rentrer dans l'enceinte d'une gigantesque entreprise, Shell-Brunei en l'occurrence. Tout ici semble avoir été pensé pour servir les intérêts de cette grande compagnie pétrolière paternaliste. Aucune autre activité n'a l'air d'avoir réussi à prendre. Le pays et sa capitale respirent l'ennui...
Le plus pathétique c'est que cette ville nous apparaît aujourd'hui dotée de ses plus beaux atours, drapeaux du sultanat aux fenêtres et guirlandes lumineuses entre les lampadaires, créant un semblant d'ambiance festive à l'occasion du 58e anniversaire de Sa Majesté... Le tout un tantinet artificiel... Nous comprenons à présent d'autant mieux pourquoi certains des amis de Diana qui travaillent ici préfèrent venir faire la fête à Miri !
Dernier jour à Miri
Journée à Miri, à organiser notre départ de demain pour le sultanat de Brunei. Dernière soirée avec Diana, plus raisonnable, dans les salons d'un grand palace du coin et au cours de laquelle nous assistons à un spectacle étonnant. Devant la scène sur laquelle se produit un groupe des Philippines, un monsieur d'un certain âge danse et crée l'ambiance avec une énergie incroyable. Eric va le féliciter et ce monsieur se fait un plaisir de prendre la pause! Amusé, Eric montre les photos à Diana qui était restée assise. A notre grande surprise, elle commentera juste :"Ah, oui, c'est mon grand-père ! Il a 70 ans et sort environ deux soirs par semaine dans les dancing des grands hôtels, pendant que sa femme reste à la maison."
A la table d'à côté, un ministre malaisien discute avec ses conseillers de la récente et mystérieuse disparition d'un hélicoptère qui prive le gouvernement de certains collaborateurs. C'est bien sûr Diana qui nous traduit la discussion et puis nous avions eu connaissance des faits par la presse. Tiens, c'est vrai, on vous gratifie beaucoup moins de croustillants articles de journaux ces derniers temps. Il faut dire aussi que nous avons affaire à une presse autrement plus professionnelle en Malaisie. Alors c'est sûr, c'est beaucoup moins drôle... En revanche, nous continuons à lire des bouquins et avons encore un passage à partager avec vous : "Apprenant que les Malais étaient mahométans, je m'étais embarqué pour une espèce d'Algérie, mais j'avais débarqué dans une ville chinoise. Depuis mon arrivée, je vivais dans l'Inde. Et soudain je découvre que je suis en Polynésie."
"Convertir un peuple à une religion ne modifie pas sa nature. C'est peindre de bois en faux-bois. L'homme est incapable d'abjuration. En lui les croyances se superposent les unes aux autres comme des couches de peinture, sans se mêler, sans s'annuler. L'ancien ton demeure et transparaît. Les chrétiens sont des païens badigeonnés de judaïsme et de christianisme. Leur foi reste triple et ils expliquent cette anomalie par un mystère. Ils ont une prédilection pour le Christ, mais ils craignent Jéhovah en Dieu le Père et ont baptisé le Grand Pan avec le nom de Saint-Esprit. Cependant ils ne savent pas aimer leurs ennemis mieux qu'à l'âge des cavernes, mais seulement mieux les tuer. Les Malais ont eux aussi leurs trois couches : animisme, hindouisme, islam. Ce sont des musulmans intransigeants, mais peu orthodoxes. Leurs incantations, qui débutent et s'achèvent sur le nom d'Allah, s'adressent en outre à mille démons honnis par le prophète. Allah est très miséricordieux, et on ne manque pas de le lui rappeler chaque jour. Mais un esprit subalterne a l'esprit plus étroit. Il est plus sensible encore aux compliments. Il ne dédaigne pas quelques petites offrandes, mais il est prompt à chercher noise. La vie des Malais se passe à essayer de ne pas marcher sur le pied invisible de quelque chatouilleuse divinité." Henri Fauconnier, Malaisie, 1930
La plage
Au large de Bornéo se trouve une kyrielle de petites îles sauvages réputées pour leurs plages et leurs fonds marins. Nous en choisissons une au hasard pour aller y passer la journée. Elle ne s'avère pas si sauvage en réalité car ce sont les vacances aussi à Bornéo et les touristes locaux débarquent par centaines sous nos yeux médusés. En effet, de gros bateaux de passagers jettent l'encre devant les plages et débarquent les gens à coups de hors-bords de 30 places. Le spectacle ne laisse pas de nous fasciner : les touristes débarquent tous solidement ficelés dans des gilets de sauvetage jaunes. Ils ne quitteront plus ces derniers de la journée, pas plus que leurs combinaisons intégrales noir ou bleu roi qui évitent de prendre des couleurs. Une fois débarqués sur l'île, des animateurs délimitent une large aire de baignade à l'aide d'un chapelet de bouées et distribuent masques et tubas à chaque passagers.
Nous ne sommes cependant pas au bout de nos surprises car tout le monde est maintenant à la queue leu-leu, munis toujours du gilet de sauvetage et de l'équipement de plongée pour aller les uns après les autres reluquer les poissons multicolores selon l'itinéraire balisé et tout en veillant scrupuleusement à garder une bouée sous la main... En réalité, ce spectacle de petits baigneurs si calmes et disciplinés attire tout autant notre attention que les petits poissons juste en dessous. Enfin, dans l'après-midi, tout le monde se remet en file indienne sur la plage mais cette fois pour attendre son tour dans le ballet des hors-bords qui font la navette jusqu'au bateau. Tiens, c'est curieux, il y a un jeune homme qui n'est pas dans la file, assis sur un caillou et qui plus est avec son gilet de sauvetage jaune à la main. Ce détail nous amuse d'autant plus qu'il s'agit d'un occidental, apparemment le seul de tout le groupe, et que quelques jeunes asiatiques manifestent encore timidement leur désir de le rejoindre. Voilà la dissidence qui pointe le bout de son nez.
Contrairement à Macao et la Chine, l'Inde n'avait pas de casinos internationaux, qui n'étaient pas autorisés a l'époque ou nous avons visité. Ceci a changé plus tard et l'industrie des jeux (poker, blackjack) est en plein essor en Inde.