Visite de la Turquie

Turquie hors des sentiers battus

Certains matins nous nous levons avec entrain et des idées saugrenues plein la tête. Aujourd'hui, notre mission : débusquer le chat de Van !

C'est une célébrité ici et une statue à son effigie orne le premier rond-point à l'entrée de Van. Nous avons vu cette espèce de matou en photo partout : blanc, un œil bleu et l'autre jaune. Mais on dirait que ses représentants ne traînent pas volontiers en ville.

Qu'à cela ne tienne! Nous partons de bon matin à l'assaut de la campagne autour des ruines de l'ancienne ville de Van, vieille de plus de 3000 ans. La traque est étonnante car un château passablement effondré domine les ruines de son piton rocheux, des corbeaux virevoltent autour : on s'imagine au milieu des Carpates. C'est en fin de journée que nous finissons par débusquer plusieurs de ces fameux félins très sauvages! Nous finissons la journée à sympathiser avec le très attachant kurde monsieur Abdurrahman Erfidan, de l'Office de Tourisme de Van, autour d'une partie de ping-pong et avant de visiter son village.

C'est bien beau de frimer en voulant explorer le monde sans guide, mais tout de suite, tout se complique. Nous cherchons désespérément à connaître les horaires du ferry. Mis à part un départ très très matinal (on est franchement pas d'humeur à se lever tôt : pour une fois qu'on a trouvé un bon lit!) ou de nuit (pas question de ne pas profiter du paysage), personne ne s'accorde à nous donner la même heure de jour. Nous avons beau marcher 5 Km jusqu'à l'embarcadère, rien n'y fait... Tant pis pour le bateau, nous prendrons le bus. Cela nous fait économiser un peu d'argent.

Kurdistan

Les paysages sont toujours aussi superbes, c'est un vrai régal pour les yeux. Montagnes, plaines et vallées se succèdent à plus de 2000 mètres d'altitude, parsemées de petits villages hors du temps. Seuls les très nombreux camps militaires nous rappellent à la réalité et au drame que vivaient encore cette région kurde il y a quelques années.

Les Kurdes nous donnent le sentiment d'être assez réservés et la plupart des gens qui viennent vers nous sont des Turcs des grandes villes, ravis de rencontrer des étrangers, dans cette région qui leur est un peu hostile. Nous prenons notre chambre dans un hôtel pas cher qui fut sans doute pas mal il y a quelques quarante ans mais qui aujourd'hui, bien qu'entretenu, est plutôt glauque.

Cette fois nous partons à la recherche d'informations pour un train allant en Iran. Décidément, tout autre moyen de transport que le bus semble peu populaire, et personne n'a d'information, voire la moindre idée de la localisation de la gare. Il faut dire qu'un seul train par semaine, ça a de quoi décourager les plus motives, comme nous.

Agréable journée de promenade en dolmus (minibus), voiture et camion autour du lac. Nous flânons notamment en compagnie de cinq jeunes enseignants turcs (originaires de grands villes comme Ankara, Istanbul et Konya), en première affectation à Tiblitz (petite ville paumée en plein cœur de l'Anatolie orientale): vivement la quille! N.B. Avis aux esprits curieux

Une encyclopédie nous fait cruellement défaut pendant ce voyage car il est des détails que nous aimerions éclaircir. Par exemple, aujourd'hui, nous avons tenté de trouver l'origine du pantalon turc, celui qui comprend un large pan d'étoffe plissée entre les jambes. La seule théorie intéressante entendue jusqu'ici est tirée d'une croyance ancestrale qui voudrait que, au retour du 12e imam, des hommes se mettent à pondre des œufs et que le pli dans le pantalon permettra de recueillir ces œufs annonciateurs sans les casser ! Si quelqu'un connaît une autre version ou a une bonne encyclopédie sous la main, on est preneurs !

Notre guide du Moyen-Orient étant trop général, nous nous en remettons aux brochures avec photos pour choisir notre nouvelle destination : Tatvan, au bord du lac de Van. C'est d'ailleurs excitant de partir pour l'inconnu, sans même savoir si il y aura un seul hôtel à notre prochaine étape. C'est en tous cas de là que nous comptons prendre le ferry pour Van, avant de rejoindre l'Iran. La route de montagne est superbe et nous ne nous attendions vraiment pas à de tels paysages. Nous aurions bien aimé arrêter le bus pour prendre quelques photos. En arrivant, nous trouvons un village bien calme et ses habitants semblent tout à la fois discrets et accueillants. On peut juste déplorer que les eaux usées de la ville se jettent dans une décharge sur les rives de ce magnifique lac. Nous serions bien restés flâner un peu.

Nous attendons Monsieur le Directeur de l'Office de Tourisme. L'homme de garde ne parle ni anglais, ni français, ni espagnol. Il semble pourtant des plus ravis de nous voir : enfin un peu de compagnie. Le Directeur arrive. Visiblement cultivé, monsieur Reçit Akgünes parle un français remarquable. Avec la sérénité du sage il nous explique l'importance de son rôle dans cette région en crise. Charmant, il nous promet des réponses à toutes nos questions.

Après trois quarts d'heure à boire le thé et à discuter agréablement, monsieur Reçit Akgünes propose une visite de sa ville. Première étape : les locaux d'une société de transport en bus. Là, hors du cadre officiel de son bureau, l'homme se met à nous vendre ses services (extrêmement cher!). Sa carte de Directeur de l'Office de Tourisme se transforme (au sens propre) en carte de guide et toujours avec le logo du ministère du tourisme . Nous déclinons les offres, ce qu'il semble parfaitement comprendre. Pour autant il nous propose de se joindre à lui pour déjeuner. Au cours du repas, cet homme distingué joue tantôt le rôle du Directeur faisant la promotion de sa région et limite philanthrope, tantôt celui de guide, peu à l'écoute de nos besoins, nous proposant à nouveau puis encore une fois ses propres prestations. Nous ne savons plus à qui nous parlons. Etonnant personnage que cet homme pourtant si charmant .

La guerre en Irak a, ici aussi, laissé des traces et le touriste est devenu une denrée rare qui s'arrache. Dommage que notre budget si limité nous rende peu comestibles.

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